Les perturbations naturelles ont d’importantes répercussions sur les forêts. D’une part, elles peuvent améliorer la régénération et la succession de ces dernières par la libération de nutriments provenant des arbres touchés et par la réduction de la concurrence entre les arbres survivants et ceux nouvellement établis.
Inversement, elles peuvent nuire aux écosystèmes forestiers ou aux personnes, collectivités et entreprises qui dépendent des forêts. Les maladies et insectes exotiques ou non indigènes (p. ex., agrile du frêne, longicorne asiatique) introduits par la mondialisation du commerce peuvent avoir de graves répercussions sur les forêts naturelles du Canada. De plus, les feux de végétation présentent une menace pour la sécurité publique, les biens et les infrastructures. Les perturbations naturelles peuvent également réduire le volume de bois d’œuvre de façon temporaire, et ainsi avoir une incidence sur le bien-être socioéconomique des collectivités et des citoyens.
Les forêts jouent un rôle important dans le cycle du carbone en absorbant le dioxyde de carbone quand elles croissent et en le relâchant quand elles meurent, se décomposent ou brûlent. Les effets des perturbations naturelles constituent l’un des multiples facteurs complexes qui déterminent si les forêts absorbent ou libèrent davantage de dioxyde de carbone chaque année.
Pratiquement toutes les perturbations naturelles sont influencées par le climat ou les conditions météorologiques. Par conséquent, toute modification des régimes climatiques peut entraîner des modifications importantes de la dynamique des perturbations. Par exemple, la hausse des températures au cours des 30 dernières années a accru l’activité des feux de végétation au Canada, en particulier dans l’ouest du pays. Des changements futurs dans les précipitations pourraient provoquer une sécheresse ou des inondations et entraîner des changements dans la gravité et la fréquence des infestations d’insectes et des éclosions de maladies. Les impacts sur le secteur forestier du Canada pourraient être importants, notamment des pénuries d’approvisionnement en bois d’œuvre sur le territoire de récolte.
Les perturbations naturelles varient d’une région à l’autre au Canada. Par exemple, les infestations de tordeuses des bourgeons de l’épinette sont plus fréquentes dans les forêts de sapins baumiers de l’est du Canada, tandis que les feux de végétation ont brûlé une plus grande superficie chaque année dans la forêt boréale et la taïga du centre du Canada. Certaines perturbations sont propres à une essence particulière (p. ex., le dendroctone du pin ponderosa s’attaque surtout à des espèces de pins), tandis que d’autres peuvent toucher l’ensemble du paysage (p. ex., les feux de végétation), ce qui entraîne une dynamique écologique particulière. La gravité des perturbations peut fortement varier; certaines peuvent entraîner le remplacement des peuplements (p. ex., les feux de cime), tandis que d’autres peuvent seulement provoquer une mortalité partielle (p. ex., les feux de surface).
Les feux de végétation
Les feux de végétation constituent un processus écologique naturel et essentiel dans la plupart des cycles de santé, de succession et de nutriments des forêts du Canada. Toutefois, comme cela a été démontré à Fort McMurray en mai 2016 et, plus récemment, dans l’intérieur de la Colombie-Britannique, en 2018, les feux de végétation peuvent également avoir des répercussions sociales et économiques indésirables. Considérés comme les catastrophes naturelles les plus coûteuses de l’histoire du Canada, ces incendies ont menacé les maisons et les entreprises (p. ex., le tourisme, l’exploitation forestière et l’exploitation minière) dans les zones boisées, provoqué des évacuations, perturbé la vie et les moyens de subsistance des personnes et produit de grandes quantités de fumée affectant la santé et la sécurité humaines.
En 2018, plus de 7 000 feux de végétation ont fait rage au Canada, brûlant près de 2,3 millions d’hectares de forêt, ces deux chiffres avoisinant les moyennes sur 20 ans. Bien que les totaux nationaux soient proches de la moyenne, en 2018, de nombreux feux de végétation se sont produits dans des endroits où les grands feux de végétation sont inhabituels, notamment l’île de Vancouver, l’interlac manitobain et Parry Sound, en Ontario.
Pour en savoir plus sur l’état actuel et les perspectives de cet indicateur, veuillez consulter L’État des forêts au Canada — Rapport annuel 2019 : feux de forêt.
La gestion des feux de végétation : équilibre entre les avantages et les inconvénients
Ce ne sont pas tous les feux de végétation qui devraient ou peuvent être maîtrisés. Les organismes responsables des forêts exploitent donc la force du feu d’origine naturelle pour tirer profit de ses avantages écologiques tout en limitant en même temps les dommages et les coûts potentiels. Les programmes de lutte contre les feux de végétation sont donc un élément essentiel de l’aménagement forestier et de la gestion des urgences dans les forêts du Canada.
Pour assurer la protection des Canadiens et Canadiennes, des résidences privées, des entreprises, de l’approvisionnement en bois et des infrastructures essentielles, les organismes canadiens responsables de la gestion des feux de forêt ont investi entre 800 millions de dollars et 1,4 milliard de dollars annuellement au cours des 10 dernières années. Puisque les changements climatiques entraînent des conditions météorologiques plus propices aux feux de végétation, il est prévu que ces dépenses augmentent rapidement, en particulier dans l’Ouest canadien.
Sous la direction du CCMF et conformément aux mandats juridictionnels actuels, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont collaboré pour établir la Stratégie canadienne en matière de feux de forêt (SCFF), qui a été renouvelée en 2016. La SCFF cherche à équilibrer les aspects sociaux, écologiques et économiques des feux de végétation. Elle vise à élaborer une approche novatrice en matière de gestion des feux de végétation au Canada qui favoriserait le développement des collectivités dynamiques et la responsabilisation de la population, la croissance d’écosystèmes forestiers sains et productifs et la mise en œuvre de méthodes de travail modernes.
Responsabiliser le public et accroître la résilience des collectivités
Là où humains et forêts sont réunis, les feux de végétation posent un problème. Le nombre grandissant de personnes qui achètent des propriétés à des fins de villégiature ou qui s’établissent dans des zones boisées courent un risque plus grand d’être exposées à des feux de végétation. Les effets des changements climatiques peuvent aussi mener à une certaine augmentation de l’incidence des feux de végétation auxquels seront exposées les collectivités à l’avenir.
Selon la SCFF, les initiatives et les programmes soutenant l’établissement de collectivités résilientes sont essentiels. Les programmes de sensibilisation du public tels que FireSmartMD aident les collectivités à gérer et à réduire les risques de feux de végétation.
Les insectes forestiers
Les infestations d’insectes et les éclosions de maladies forestières posent de sérieux risques pour la santé des forêts du Canada et le succès de son secteur forestier. Bien qu’ils jouent généralement un rôle important dans les processus écologiques, les ravageurs forestiers peuvent également avoir d’importants impacts économiques, sociaux et environnementaux négatifs sur les terres forestières des régions rurales et urbaines partout au pays.
Après les feux de végétation, les infestations d’insectes représentent la deuxième perturbation en importance quant à l’incidence sur l’approvisionnement en bois d’œuvre et les stocks de dioxyde de carbone. Des infestations prolongées ou intenses de défoliateurs peuvent causer la mort des arbres; mais, de manière générale, la réaction des forêts se traduit par une croissance et une vigueur réduites. En raison des effets des changements climatiques et de la mondialisation, on s’attend à ce que les infestations de ravageurs forestiers deviennent plus fréquentes et moins prévisibles à l’avenir.
Le suivi des tendances liées aux groupes d’insectes permet aux chercheurs et aux ingénieurs forestiers d’évaluer la santé globale des forêts. En 2017, 15,6 millions d’hectares de forêts ont été ravagés par les insectes au Canada, ce qui représente un écart de moins de 1 % par rapport à l’année précédente.
La lutte contre les insectes forestiers
Les mesures de lutte contre les ravageurs forestiers au Canada visent principalement à :
- préserver la santé des forêts du pays en limitant les perturbations attribuables aux ravageurs qui menacent les éléments valorisés des écosystèmes ainsi que l’accès du secteur forestier aux ressources ligneuses et ressources connexes qui présentent une grande valeur commerciale;
- prévenir l’introduction et la propagation d’espèces exotiques au Canada.
À ces fins, le Canada (les gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral) privilégie une approche de lutte intégrée. Les mesures de lutte intégrée contre les ravageurs sont choisies d’après leur incidence à court et à long terme, ainsi que les caractéristiques de la zone touchée et du ravageur ciblé.
Les maladies des forêts
Les maladies forestières ne sont pas toujours mortelles, mais peuvent avoir une incidence sur le taux de croissance, le volume et la qualité du bois d’un arbre et peuvent finalement le tuer.
Les maladies qui touchent les arbres forestiers sont causées par des pathogènes, soit des agents biotiques qui perturbent les fonctions normales des arbres. Des facteurs abiotiques tels que l’évolution des régimes météorologiques, les précipitations excessives ou insuffisantes ou les températures extrêmes peuvent avoir une incidence sur la croissance et le développement des arbres forestiers et accroître leur vulnérabilité aux maladies.
Toutes les parties de l’arbre peuvent être touchées par la maladie :
- Les pathogènes foliaires réduisent la capacité photosynthétique.
- Les pathogènes qui s’attaquent aux tiges causent des problèmes structurels qui perturbent le flux d’eau et de nutriments et entraînent des ruptures dans le bois ou une dégradation de sa qualité.
- Les pathogènes racinaires réduisent l’absorption d’eau et de nutriments.
La lutte contre les maladies
Les ingénieurs forestiers luttent contre les maladies afin de réduire les pertes et améliorer la résilience des forêts.
Dans les milieux naturels, les maladies endémiques causées par des agents pathogènes indigènes aident le cycle des nutriments, créent des habitats et améliorent la biodiversité.
Dans les forêts commerciales, la lutte contre les maladies permet de prévenir les pertes de volume d’arbres et la dégradation de la qualité du bois. L’amélioration génétique et la sylviculture sont parmi les techniques employées pour lutter contre les maladies et optimiser la croissance.
Les conditions environnementales sont importantes pour contrôler l’interaction entre l’arbre et l’agent pathogène.
Pour en savoir plus, consulter L’État des forêts au Canada — Rapport annuel 2019 : maladies des arbres forestiers.
Le Groupe de travail sur la gestion des feux de forêt
En 2007, le Conseil canadien des ministres des forêts a approuvé la formation du Groupe de travail sur la gestion des feux de forêt (GTGFF). Les membres du GTGFF sont des hauts fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux chargés de la gestion des forêts et/ou des incendies de forêt.
Le GTGFF fournit des conseils et de la direction sur les politiques stratégiques concernant la gestion des feux de forêt au Canada, et de guider la mise en oeuvre de la Stratégie canadienne en matière de feux de forêt.
Le Groupe de travail sur les ravageurs forestiers et les maladies des forêts
Une approche nationale commune tirant le meilleur parti de l’expertise et des ressources en gestion est importante afin d’atténuer les répercussions inacceptables liées aux insectes et aux maladies dans tout le pays. À ce propos, le Groupe de travail du CCMF favorise les discussions et la collaboration continues entre les organismes fédéraux, provinciaux et territoriaux de lutte contre les insectes et les maladies.
Ses travaux portent sur l’élaboration et la mise en œuvre d’une Stratégie nationale de lutte contre les ravageurs forestiers, fournissant un cadre intégré en matière de prévention, de détection et d’intervention. L’objectif est d’aider tous les territoires concernés à travailler ensemble envers le maintien de forêts saines et d’un secteur forestier durable.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi que les administrations municipales collaborent dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre les ravageurs forestiers pour réduire le risque de dommages inacceptables aux forêts du Canada causés par les insectes et les maladies, tant indigènes qu’exotiques.
Le Groupe de travail sur les ravageurs forestiers et les maladies des forêts travaille à l’élaboration de pratiques exemplaires en matière d’analyse, de prise de décision et d’intervention afin de rendre la lutte contre les ravageurs forestiers au Canada plus proactive, plus coordonnée et, en fin de compte, plus efficace.